La Fashion Tech — Votre garde-robe peut-elle mettre en danger votre vie privée ?
La “Fashion Tech” devient de plus en plus essentielle lorsque les acteurs de différents secteurs se battent pour être en tête des progressions en matière d’intelligence artificielle (“IA”).
Les innovations de l’industrie de la mode, intégrant la technologie et l’IA dans leurs créations, vont de l’existance d’un parapluie capable de vous avertir lorsqu’il va pleuvoir et à la création des portefeuilles capables de charger votre smartphone, jusqu’au nouvel outil de mode de Facebook qui se base sur l’IA : Fashion++.
QU’EST-CE QUE FASHION++ ?
Fashion++ est un algorithme utilisant un réseau pour identifier des tenues et proposer des suggestions sur ce qu’il faut enlever, ajouter ou changer afin de trouver la tenue “parfaite”.
Cette technologie a aussi la capacité de recommander des modifications plus subtiles telles que “rentrer sa chemise” ou “retrousser ses manches”. Ce système utilise un logiciel de classification de mode conçu à partir de milliers d’images de tenues jugées les plus tendances.
Les chercheurs remplacent ensuite un de ces vêtements par un article le moins similaire, pour établir ce qu’ils jugent comme étant “démodé”. Ce système se veut original en ce sens que les travaux précédents ne visaient qu’à modifier ou suggérer une tenue entière, tandis que Fashion++ propose des modifications plus subtiles pour rendre la tenue choisie plus élégante.
LES RISQUES EN MATIERE DE VIE PRIVEE ?
Aussi innovant et attrayant que ce nouvel outil puisse être, il soulève tout de même quelques questions en matière de protection et de sécurité des données.
Bien que Fashion++ n’ait été, jusqu’à présent, utilisé qu’à des fins de recherche, si ce système ou d’autres produits similaires de Fashion Tech se matérialisent un jour, les développeurs et les entreprises devraient veiller à respecter au maximum la législation en matière de protection des données.
Ainsi, des logiciels tels que Fashion++ recueilleraient des photographies de leurs utilisateurs ainsi que des informations et des données concernant leur santé, telles des données relatives à leur morphologique, considérées comme des données sensibles dans le cadre du RGPD et nécessitant une protection renforcée. Ainsi cela soulève la question de la manière dont seront traitées ces données, mais également celle de la conformité de la collecte de ces données.
QUID LA TRANSPARENCE ?
Le manque de transparence de ces technologies est le principal problème soulevé par les autorités de contrôle européennes en matière de protection des données et de vie privée.
Le problème étant que les utilisateurs ne savent pas quand et comment leurs données personnelles sont collectées, ni même les raisons pour lesquelles elles sont traitées et à qui elles sont communiquées.
Ce problème est dû au niveau d’information et au type de consentement requis par les clients pour l’utilisation de ces technologies, surtout si l’on tient compte du fait que les données collectées peuvent générer des profils détaillés des utilisateurs.
Beaucoup pensent que les acteurs de l’industrie de la mode devraient investir de plus en plus dans l’IA, avec la perspective que les outils d’IA, tels que Fashion++, finiront un jour par remplacer les métiers de designer et de styliste.
Des startups européennes telles Threads au Royaume-Uni et la société allemande Outfitterys, qui utilisent l’intelligence artificielle pour offrir un service de stylisme personnel en ligne, mettent en œuvre des concepts similaires à ceux de Fashion++ et ont des politiques de protection de la vie privée et de transparence et qui semblent répondre aux exigences principales en matière d’IA et de conformité au RGPD.
L’AVENIR
L’IA semble indispensable pour séduire la nouvelle génération de fashionistas, mais, bien qu’elle soit répandue dans bien d’autres domaines, elle a été lente à apporter des changements significatifs dans des domaines tels que la mode et le commerce en détail.
Aussi prometteurs et innovants que soient Fashion++ et les systèmes similaires, espérons qu’ils se consacrent autant à la protection de la vie privée des consommateurs qu’à l’innovation.
Article rédigé par Anaïs Crémas @ Gerrish Legal, initialement paru sur Medium, en avril 2020 / Photo de couverture : STIL sur Unsplash